01/12/2007

La consommation média familiale - les changements filmés

L'agence Tangenciels a filmé six familles - 24h sur 24 - pour analyser les modes de consommation des médias dans le cadre du foyer. La télévision détrônée ... place à l'ordinnateur ...

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La télé, ce meuble qui vieillit
27.11.2007 - Emmanuel Berretta - © Le Point.fr

"Six familles filmées 24 heures sur 24 durant une semaine. Non, ce n'est pas un énième jeu de télé-réalité, mais le dispositif d'études mis en place par l'agence de marketing Tangenciels afin d'étudier l'impact des nouvelles technologies dans la vie des Français.

Premiers constats : la consommation télévisée est en chute libre chez les ados. Le cercle de famille n'existe quasiment plus autour de ce meuble qui subit de plein fouet la concurrence du PC, et plus encore de l'ordinateur portable. "Sauf grands événements sportifs en direct, chacun continue de regarder la télé, mais à ses heures et de manière différée", constate Edouard Le Maréchal, le fondateur de Tangenciels.

La télé ? Chacun pour soi

Tous les moyens sont bons pour ne plus dépendre des grilles de programmes : achat de films ou de séries en vidéo à la demande, téléchargement sur Internet, visionnage d'un programme enregistré sur disque dur, streaming sur ordinateur... Toutes ces consommations différées prennent une part grandissante. Ce qui posera tôt ou tard un problème aux annonceurs, et par conséquent au modèle économique de la télévision commerciale. Comment toucher un public dont les moyens techniques permettant d'accélérer les passages publicitaires sont désormais usuels ?

En tout cas, on ne se bat plus pour la télécommande. Même madame est de plus en plus branchée sur son PC. Le mythe de la ménagère de moins de 50 ans a pris du plomb dans l'aile. Au fond, le canapé du salon est de plus en plus déserté. Il demeure l'apanage du seul mari qui rentre du travail, lequel, faute de rival, a donc retrouvé le pouvoir sur la zapette.

YouTube plutôt que la télé

La guerre s'est déplacée sur "l'ordinateur portable de papa". A peine rentre-t-il du travail que les enfants le lui confisquent !

"Les audiences ? Ça ne veut plus dire grand-chose. Les jeunes continuent d'allumer la télé en rentrant de l'école ou du collège, mais ils lui tournent le dos, car ils sont connectés au PC", constate Edouard Le Maréchal.

Les jeunes préfèrent regarder des vidéos sur Youtube ou DailyMotion plutôt que les robinets à clips des chaînes musicales. "Ils ont davantage confiance dans les programmes sélectionnés par leurs pairs que dans les programmes proposés par la télé", explique-t-il.

Activités favorites des ados sur le Net : visionnage de séries US, téléchargement illégal, chat, et un peu de webradio en fond sonore. Et si possible, tout cela en même temps ! Ce que les Américains appellent le multitasking et qui, chez eux, représentent désormais 30 % des usages... En somme, le public ado semble durablement perdu pour la télévision.

Les ados, génération de "L'EKRI"

C'est aussi une génération qui communique de plus en plus par l'écrit - L'EKRI en langage texto - et de moins en moins par la parole. Si le texto est préféré au coup de fil, c'est d'abord une question de prix : la minute de conversation sur mobile est trop chère et le téléphone fixe du foyer - disputé par la fratrie et les parents - n'est pas toujours disponible.

Le SMS l'emporte aussi car il s'agit d'une "joignabilité permanente tolérable" par les parents. Concrètement, un jeune qui décroche son mobile à table fera l'objet d'une réprimande ; en revanche, le même qui tapote son texto sous la table ne se fera pas disputer...

Le contrôle parental par l'emplacement du PC

"La communication orale est réservée à la fin de journée, notamment chez ceux qui disposent d'un forfait illimité qui se déclenche à partir de 22 heures", explique Edouard Le Maréchal.

L'étude a démontré à quel point les parents sont dépassés sur le plan technique par rapport à leur progéniture. La seule façon pour eux de contrôler - même approximativement - l'usage du PC consiste à le placer dans un endroit qui en limite les excès. Certains parents ont donc situé le PC dans le salon, à côté de la télévision, écran face au canapé. Ainsi, ils peuvent regarder leurs programmes télé et jeter un oeil à ce que leurs bambins fabriquent sur Internet.

D'autres parents ont déplacé le PC dans leur chambre à coucher. Dans cette pièce, ils évitent ainsi les abus nocturnes de leurs enfants : visionnage de sites porno et chat avec des inconnus inquiétants sur les sites de rencontre... En revanche, l'étude a montré que les parents ne craignaient pas grand-chose du téléchargement illégal.

L'intimité devient "virtuelle"

La notion même d'intimité a beaucoup évolué sous l'effet des nouvelles technologies. La chambre d'ado n'est plus le sanctuaire inviolable qu'elle était. Elle se "dépersonnalise". Les posters de stars au mur ont tendance à se raréfier. Car le lieu de la personnalisation est devenu l'ordinateur lui-même (choix du fond d'écran, habillage du compte MSN ou du téléphone mobile). L'intimité devient, en quelque sorte, virtuelle.

"Ce qui est intime aujourd'hui, c'est le profil utilisateur du PC, insiste Edouard Le Maréchal. Chaque membre de la famille considère que sa violation serait une atteinte grave." Résultat : les parents pénètrent plus facilement dans la chambre de l'ado, mais surtout qu'ils ne s'avisent pas de fouiller dans les fichiers de son ordinateur...

Des familles cobayes

Ces familles ont été sélectionnées de manière à couvrir tous les archétypes : Paris et province, couple avec enfant en bas âge, famille avec adolescents, familles recomposées, célibataires, famille vivant à l'étroit, famille vivant sur deux étages...

Afin de préserver un minimum d'intimité, chaque foyer disposait de deux options : soit poser un cache sur les caméras, soit demander le retrait a posteriori des séquences enregistrées. "Aucune n'a eu recours à ces solutions, et tout le monde a oublié très vite la présence des caméras", précise Edouard Le Maréchal. L'objectif des caméras était, en outre, braqué sur les écrans (TV, ordinateurs) et non sur le lit de la chambre à coucher. "Mais la meilleure preuve que les caméras ont été oubliées, c'est que nous avons tout de même capté des scènes très intimes...", conclut le patron de Tangenciels."

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