16/04/2008

La revue Regards Croisés sur l'économie publie un numéro sur la finance contemporaine ...

Comprendre les enjeux de la finance ... en 300 pages très abordables ... allez, courage, on motive le neurone et on essaie de comprendre ...

"Toujours plus complexe, la finance nourrit les espoirs d’enrichissement les plus fous et suscite les craintes du profane comme de l’analyste le mieux informé. Qui comprend aujourd’hui le fonctionnement des marchés financiers internationaux ? En septembre 2007, au commencement de la crise des subprime, l’économiste en chef de la Banque d’Angleterre ne confessait-il pas lui-même ne plus rien comprendre à la finance contemporaine ? Le troisième numéro de Regards croisés sur l’économie se propose d’opérer une synthèse claire et pédagogique sur cette activité en pleine mutation, sa crise, et les débats qu’elles ne manquent pas de susciter.

Si les missions traditionnelles des marchés financiers n’ont guère varié depuis leur création, les moyens qu’ils mettent en œuvre pour les remplir sont toujours plus sinueux. Les meilleurs mathématiciens du monde sont mis à contribution pour élaborer des modèles savants, mais ni les acteurs, ni le système financier international n’en sont rendus plus rationnels pour autant – en témoigne la bulle boursière des années 1999-2000, suivie par la bulle immobilière américaine. Or, quand les marchés financiers trébuchent, l’économie réelle en est rapidement affectée : l’histoire a montré que les plus grandes dépressions ont souvent leur source dans une crise financière et monétaire.

Aujourd’hui, les régulateurs semblent dépassés par les événements, engagés dans une course poursuite où les protagonistes ne partagent ni la même ligne de départ ni les mêmes ressources, loin s’en faut. Les systèmes de contrôle des risques bancaires ont fait faillite. Les banques centrales, critiquées de toutes parts, sont dans une impasse. Les gendarmes nationaux, trop faibles, ne peuvent que constater les délits. Restent les instances internationales, pour l'heure délégitimées, mais qui constituent peut-être l’avenir de la régulation d’une finance mondialisée et multipolaire.

Avec des contributions de : Michel Aglietta, Patrick Artus, Roger Belot, Vladimir Borgy, Jérémy Charbonneau, Nicolas Couderc, Anne-Laure Delatte, André Cartapanis, Pierre-Noël Giraud, Olivier Godechot, Pierre-Cyrille Hautcoeur, Yves Jégourel, Paul Jorion, Anne Lavigne, Mathieu L'Hoir, Jean-Hervé Lorenzi, Valérie Mignon, André Orléan, Adrian Pop, Gérard Rameix, Antoine Rebérioux, Françoise Renversez, Jérôme Sgard, David Thesmar et Philippe Trainar."

300 p. – 12,50 €


Présentation de la revue : Regards croisés sur l’économie
"Afin de rendre accessibles à tous les grandes questions économiques qui structurent le débat public, la revue Regards croisés sur l’économie livre tous les six mois une synthèse rédigée par les meilleurs spécialistes des sciences sociales, claire, didactique et bien documentée. Les membres de la rédaction organisent chaque numéro autour d’un dossier économique contemporain en suivant une logique soigneusement explicitée, et font dialoguer les contributions des chercheurs et des acteurs de la vie économique par un système de renvois novateur. Leur travail est encadré par un comité scientifique, constitué d’universitaires de renom. Regards croisés sur l'économie est édité par La Découverte ; une version électronique de la revue est consultable sur le portail Cairn."

Plus sur :
http://www.rce-revue.com/


L'éditorial :

« Dévoiler les intrigues de la Bourse et des courtiers, c’est entreprendre un des travaux d’Hercule », disait Charles Fourier au début du xixe siècle.
Depuis, la finance ne s’est plus jamais départie de la réputation d’être un monde aux pratiques absconses, régi par des lois ésotériques sans grand lien avec l’économie réelle, terreau de bulles et de krachs aussi incompréhensibles les uns que les autres – en un mot d’être un objet éminemment complexe.

Cette représentation s’est renforcée au cours des dernières années. Jusqu’à l’été 2007, la multiplication des opérations financières sophistiquées (des LBO aux fusions-acquisitions géantes) et le rythme soutenu d’innovation
financière (notamment en matière de produits dérivés) ont transformé la finance en un nouvel eldorado pour jeunes diplômés talentueux. Depuis l’été 2007, la crise des subprime et la faillite des systèmes de contrôle des
risques bancaires, culminant lors de la révélation d’une fraude record à la Société Générale, ont mis sur le devant de la scène l’impossibilité de maîtriser entièrement des systèmes financiers instables par nature. Le sentiment s’est ainsi généralisé que, décidément, la finance n’est pas accessible au commun des mortels.
Il faut dépasser cette croyance ; et c’est ce à quoi veut contribuer ce numéro de Regards croisés sur l’économie.
Bien sûr la tâche n’est pas mince – et beaucoup moins aujourd’hui qu’il y a 200 ans. À l’époque où Fourier lançait son défi, les marchés financiers offraient des produits bien moins divers que de nos jours. En outre, la finance
est loin de se limiter à la Bourse. Elle a pour fonction fondamentale de mettre en commun des richesses, afin de permettre la réalisation de projets dont l’ampleur dépasse les avoirs d’un seul individu. Une fois les richesses réunies, des titres financiers sont créés, donnant à leurs porteurs des droits sur les revenus futurs générés par l’activité commune : ce sont les titres de dette et les actions. Ces promesses sont échangées sur des marchés dits secondaires, où elles sont ballottées au gré des anticipations – censées ou non – des intervenants. Comme le futur est incertain, chaque titre est risqué ; des promesses sont rompues, et des crises éclatent. Parce que ces crises sapent la confiance, empêchant de nouveaux projets d’être menés à bien, des régulateurs sont
chargés de les contenir – et, si possible, de les empêcher.

Comprendre la finance, c’est donc comprendre ses acteurs et leurs pratiques, comprendre ses liens avec l’économie réelle, et comprendre enfin ses emballements et la façon de les prévenir.

Qui sont les acteurs intervenant sur les marchés ? Nous commençons par une plongée dans le système financier contemporain, peuplé de nouveaux protagonistes issus de la déréglementation financière ou de la vague récente
d’innovation – ainsi que de plus vieux, contraints de s’adapter. Dans un cadre libéralisé (depuis les années 1980 en France), mondialisé et marqué par d’importants déséquilibres financiers, les hedge funds, private equity, et autres fonds d’investissement structuré ont bouleversé la donne en matière de placements, et imposé de nouvelles façons de faire aux entreprises (Partie 1).

Quel rôle jouent les acteurs sur les marchés financiers ? Tendent-ils à établir le cours des titres financiers à un « juste prix » ? Ou sont-ils au contraire prisonniers de comportements mimétiques et spéculatifs, sans lien avec la réalité du monde productif ? Cette question est au coeur d’un débat virulent entre partisans et opposants de la théorie de l’efficience des marchés, dont on ne peut faire l’économie, malgré sa relative technicité, pour réfléchir aux fonctions de la finance. Car selon la foi que l’on y accorde, on répondra différemment aux questions de savoir s’il faut, par exemple, adosser nos systèmes de retraite aux marchés financiers, leur faire confiance pour financer l’innovation ou encore pour soutenir la croissance économique (Partie 2).

Enfin, nouveaux acteurs, nouvelles pratiques et globalisation financière sont-ils facteurs de stabilité ou d’instabilité ? La crise que nous connaissons actuellement n’est bien sûr pas la première ; mais elle a été rendue possible par certaines innovations (comme la titrisation) et l’apparente dispersion des risques à l’échelle mondiale. Nous finissons par un panorama édifiant des moyens de régulation : les échelles s’enchevêtrent ; les moyens sont limités ; et les pompiers sont parfois incendiaires. On ne sortira pas de cet imbroglio sans une refonte du système monétaire international (Partie 3).

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